De l’audace 

Qui aurait pensé il y a 25 ans que les Combrailles deviendraient, pour une semaine d’été, le cœur battant de la musique du Cantor de Leipzig ? Qui aurait pensé il y a 20 ans, que l’église de Pontaumur résonnerait au son de cet instrument unique ? Il aura fallu bien de l’audace et des volontés pour pouvoir, un quart de siècle plus tard, admirer le chemin parcouru et se remémorer les aventures et les passions vécues. En 2024, c’est bien une seule édition mais deux anniversaires donc. Une semaine de festivités, plus d’une vingtaine d’événements, du récital au grand concert, en passant par les Cafés-bach et les auditions, avant de clôturer sur une création (commande du Festival) point d’orgue de la semaine. 

Un pas de côté

Après la création du festival, puis de cet orgue, est venu le temps de la création musicale. En 2019 pour les 20 ans du festival, nous avions passé commande à Philippe Hersant d’une cantate. La création de la cantate Nun Komm, inscrivait le festival dans une nouvelle histoire. Pour les 20 ans de l’orgue, une seconde « cantate des Combrailles » viendra clore cette édition anniversaire, avec la création de la cantate Laudato Si’ pour quatuor de solistes, orchestre et orgue concertant de Bernard Foccroulle, qui nous accompagnera toute la semaine. Ce pas de côté est pour nous très important car il souligne combien Bach en Combrailles explore certes la musique du XVIIIe siècle, tout en restant bien ancré dans le XXIe siècle. La création est une nécessité, car elle nous oblige à être à l’écoute du monde qui nous entoure et à ne pas s’enfermer dans des habitudes. Notre écoute de l’œuvre du cantor de Leipzig ne peut qu’en être vivifiée. Et puis, finalement, qu’aurait fait Bach, pour fêter un anniversaire ? Comme il l’a fait lui-même pour des réjouissances, il aurait écrit une cantate.

L’orgue aura évidemment une place très significative et la venue du successeur de Bach, pour le concert inaugural de cette édition, l’actuel organiste et cantor de la Bach-Kirche d’Arnstadt est un événement de cette édition. Depuis plusieurs années le festival s’engage durablement auprès des artistes en les accueillant en résidence pendant la semaine du festival. La présence du Banquet Céleste en résidence toute la semaine, et la place toute particulière que nous donnons cette année à des jeunes artistes nous rappellent que la mission d’un Festival est d’être à la fois à l’écoute du public, d’un territoire mais aussi des artistes. L’orgue, la création, les concerts dans les petites églises, les retrouvailles du public, la simplicité de ce festival où il n’y a que le geste artistique qui compte, la fréquentation des grandes œuvres du répertoire (L’Art de la Fugue est convoquée cette année) : tout cela dessine un festival auquel nous tenons tant, car nous le savons tous, la seule chose qui nous réunit c’est l’excellence de la musique et son partage.

Musiciens, public, bénévoles et partenaires, retrouvons-nous du 5 au 10 août pour les célébrer ensemble, autour de Bach, de l’orgue et des Combrailles. La partition de Bach en Combrailles est loin d’être achevée : allons l’écrire ensemble pour les années qui viennent.