Un orgue pour les Combrailles

Une histoire humaine

On ne pouvait pas envisager d’offrir au public l’œuvre de Johann Sebastien Bach sans aborder l’immense répertoire de sa musique d’orgue. Faire construire un orgue à tuyaux particulièrement adapté à sa musique était donc l’un des premiers buts de l’association Bach en Combrailles.

Après divers projets d’orgues baroques de type allemand, l’idée s’est focalisée sur une restitution de l’orgue d’Arnstadt, premier instrument dont Bach fut nommé titulaire en 1703, il était alors âgé de 18 ans. La découverte de cet instrument, récemment restauré dans son état d’origine, a été un « choc » et après une première esquisse, il est apparu que les dimensions de cet orgue d’Arnstadt étaient parfaitement adaptées au volume de l’église de Pontaumur, tant dans son aspect architectural que sonore.

Les plus grands spécialistes de Bach se sont immédiatement ralliés à cette idée et l’ont soutenue sans réserve. Mais dans le même temps, il a fallu beaucoup de conviction et d’énergie pour convaincre que l’originalité et la spécificité d’un tel instrument seraient des gages de réussite et d’intérêt durables, alors que beaucoup de « soi-disant experts » tendent à penser qu’il faut aujourd’hui construire des orgues « à tout jouer ».

La commune de Pontaumur, propriétaire de l’instrument (qui est un bien immeuble par destination) a procédé à l’appel d’offres au printemps et à l’été 2002. Quinze entreprises ont répondu, et c’est finalement François Delhumeau qui, compte tenu de critères comme sa proximité, sa formation en Allemagne sur ce type d’instruments, sa parfaite connaissance de l’orgue thuringeois des XVIIe et XVIIIe siècles, a obtenu le marché en septembre 2002.

Les tuyaux ont été réalisés chez Hermann Klein à Woerth (67) et Karl Giesecke à Göttingen (Allemagne). François Delhumeau ne fabriquant pour sa part que les jeux en bois (Soubasse du pédalier).
L’harmonisation a été effectuée en collaboration avec Bernd Künhel, harmoniste allemand spécialiste des orgues historiques de ce pays, ce qui est un critère d’authenticité supplémentaire.

Un instrument singulier

L’orgue construit par François Delhumeau pour l’église de Pontaumur est la réplique la plus fidèle possible de l’instrument construit à Arnstadt en 1703 par Johann Friedrich Wender et restauré par Otto Hofmann d’Ostheim/Rhön de 1997 à 1999.
Il est composé de deux claviers de 48 notes (du premier au cinquième do, sans premier do dièse) et d’un pédalier de 26 notes (du premier do au troisième ré, sans premier do dièse).

Cette étendue inédite des claviers et du pédalier est une constante dans les instruments de cette époque en Allemagne centrale et en Allemagne du Nord. Elle ne pose aucun problème pour l’interprétation de la musique de Jean-Sébastien Bach ou de ses prédécesseurs et contemporains, même si elle peut être préjudiciable à l’interprétation de certaines pièces du répertoire romantique ou contemporain. Ce choix est un choix délibéré. L’Auvergne, et en particulier la ville de Clermont, recelant nombre d’instruments aptes à la restitution de ces musiques.

L’accord est fait au diapason avec un la à 465Hz (appelé « Chorton »), c’est-à-dire 1/2 ton plus haut que nos instruments actuels. Cela permet une parfaite adéquation avec les instruments dits « baroques » qui sont accordés eux au la à 415 Hz (1/2 ton plus bas que notre la), appelé « Kammerton ». L’écart entre l’orchestre et l’orgue est donc d’un ton. C’est pourquoi, dans les cantates de Bach par exemple, la partie d’orgue est notée un ton plus bas que la partie du chœur et de l’orchestre (Ex : Cantate BWV 29 « Wir danken dir, Gott ». Ré majeur, la partie d’orgue est en do majeur). Il est harmonisé dans un tempérament légèrement inégal, d’après le système de Neidhart (1700).

Deuxième clavier : Grand-Orgue (« Hauptwerk ») : 11 jeux
Principal 8’ – Gemshorn 8’ – Viola da gamba 8’ – Quintadena 8’ – Bourdon 8’ – Quinte 6’ – Octave 4’ – Octave 2’ – Cymbel II – Mixture III – Trompete 8’

Premier clavier : Positif pectoral (« Brustwerk »): 7 jeux
Bourdon 8 – Quinta 3′ – Principal 4’ – Nachthorn 4’ – Spitzflöte 4’ – Sesquialtera II – Mixture III

Pédalier : 4 jeux
Subass 16’ – Principal 8’ – Posaune 16’ – Cornet 2’

Accouplement en tiroir Brustwerk / Hauptwerk
Tirrasse Hauptwerk
Tremblant
Zimbelstern (étoiles tournantes) en Do majeur et Sol majeur (clochettes).

Le buffet peint en blanc et or, comme l’instrument original d’Arnstadt.
Diapason 465 Hz (Chorton)

 

Passion selon Saint Matthieu, chœur d’ouverture avec continuo au grand-orgue (clôture du festival 2014)