Concert - L'Art de la Fugue avec Les Récréations

«Le deuxième disque des Récréations confirme leurs qualités de générosité et d’expressivité en les portant à une intensité encore supérieur. La sonorité riche, pleine, conserve une lisibilité exemplaire qui autorise à se délecter de contre-chants conduits avec finesse.» Jean-Christophe Pucek, Diapason

Kunst der fuge

« Musique des sphères, œuvre spéculative sans destination réelle ou bien musique profondément humaine, aux multiples affects ? L’Art de la Fugue de Jean-Sébastien Bach qu’il a perfectionné jusqu’au crépuscule de sa vie, est un chef d’œuvre dans lequel le maître présente la quintessence de son art. Au-delà de la complexité toujours croissante des contrepoints qui s’avère vertigineuse au fil du cycle, on y observe une variété inouïe de styles différents toujours renouvelés autour du matériau minimaliste d’un thème unique. Si certains contrepoints s’inspirent délibérément du Stile antico de la fin de la Renaissance, langage qui fascinait Bach, d’autres ont un aspect concertant et d’autres encore démontrent une maîtrise avertie du style galant. Le corpus forme ainsi ne multitude de paysages nuancés avec leur propre récit. D’un point de vue esthétique, un aspect est primordial à nos yeux : la vocalité. L’art du contrepoint, loin d’être une technique abstraite a en effet pour origine le madrigal de la Renaissance. C’est un point central de notre travail instrumental depuis des années qui fait l’identité de notre ensemble et dont peut témoigner notre précédent enregistrement Scarlatti. Nous poursuivrons encore la recherche en ce domaine tout au long du parcours de ces différentes pièces.

L’instrumentarium est la principale source d’interrogation. Les quatre voix désignées par les simples termes soprano, alto, ténor et basse ne convoquent en effet aucune formation obligée. L’écriture de l’oeuvre se révèle pourtant problématique pour nos quatre instruments : les lignes des voix intermédiaires, alto et ténor, débordent fréquemment de leur tessiture et se situent, le plus souvent, dans l’extrême grave du registre. Notre option est inédite. Pour restituer au contraire avec le plus de fidélité et de la manière la plus heureuse les quatre voix de l’architecture, nous avons eu l’idée d’enrichir notre quatuor d’un cinquième instrument, le violoncelle piccolo. Instrument très apprécié dans l’environnement de Jean-Sébastien Bach (celui-ci lui a même dédié une des fameuses Suites pour violoncelle), il s’agit d’un petit violoncelle accordé une quinte plus haut, dont la tessiture correspond parfaitement au registre du ténor. Jalon manquant entre notre alto et notre violoncelle, il pourra souvent rendre cette voix au mieux, tandis que la seconde voix se verra, dans bien des cas, confiée à notre alto et non plus au second violon. Notre quatuor à corde, ainsi augmenté d’un violoncelle piccolo, pourra se décliner en plusieurs consorts différents selon les tessitures variables des contrepoints. Enfin, une autre particularité de notre projet est que contrairement à l’usage, nous proposerons une reconstitution de la fin du dernier contrepoint Fuga a tre soggetti, inachevé dans le manuscrit. Celle-ci a été entreprise après une étude minutieuse du style et des combinaisons que nous propose Bach au fil de la pièce. Nous n’adhérons pas à l’idée romantique d’une question mystique que le compositeur aurait à dessein adressée à la postérité. Les dernières recherches tendent à montrer au contraire que la pièce est restée inachevée pour des raisons fortuites. Toute notre approche est de démystifier le chef-d’oeuvre sans avoir peur de l’interprétation, l’incarner instrumentalement pour une écoute sensible et renouvelée ». Les Récréations

Les Récréations

Les Récréations se distinguent par l’exploration du répertoire ancien qui les mène à une véritable « re-création » passant par la transcription, l’improvisation dans le style ainsi qu’une appropriation personnelle et actuelle de ses trésors. Après un premier enregistrement remarqué consacré à des sonates inédites de Johann Gottlieb Graun (1702-1771), l’ensemble se consacre aujourd’hui à l’écriture à quatre parties en formation de chambre.  Toujours en quête d’une identité sonore caractérisée, les devises sont contrepoint, équilibres, couleurs harmoniques, densité du grain, texture et richesse de la matière. En 2021, le disque paru chez Ricercar, Scarlatti, Sonate a Quattro, illustre cette quête incessante et obtient un Diapason d’Or. « La sonorité riche, pleine, conserve une lisibilité exemplaire qui autorise à se délecter de contre-chants conduits avec finesse. » (Jean-Christophe Pucek). En 2023, toujours chez Ricercar, l’enregistrement de l’Art de la fugue de Bach est lui aussi récompensé d’un Diapason d’Or. « Ce qui frappe d’emblée, c’est la spontanéité, la liberté, la prise de risque des artistes. Générosité de phrasé, douceur sensuelle et grainée, une virtuosité jouissive. » (Viet-Linh Nguyen).

Une version inédite qui se décline en différents consorts selon les pièces, du violon piccolo au violoncelle en passant par le violoncelle piccolo, renouvelant l’appréhension de ce chef d’œuvre tout en révélant sa variété inouïe. Ils se produisent dans de nombreux festivals en France et à l’étranger, parmi lesquels La Chaise Dieu, Lanvellec, Ribeauvillé, Bach en Combrailles, Souvigny, Galerie Borghese à Rome et prochainement la Bachakademie de Stuttgart ainsi que le festival de Poznan en Pologne.